ZLECAF: An 1! Bilan satisfaisant même si beaucoup reste à faire
L’année 2021 qui s’achève donne l’opportunité à chacun de nous de?faire?un bilan soit à titre personnel soit à titre?professionnel. Les deux d’ailleurs sont aussi envisageables.
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Dans?cet article, le sujet qui est?abordé est d’ordre économique et touche chacun d’entre nous, chaque Africain, et de manière générale l’Afrique.
?Il s’agit de?la zone de libre-1échange continentale africaine, (ZLECAF)?et par ricochet?de l’accord?portant création de cette zone?qui constitue aujourd’hui un écosystème économique et commercial nouveau qui sera à la base du développement des économies en Afrique.
Mis en vigueur depuis le 1er janvier 2021, l’accord de libre-échange continental?va être célébré et va occuper l’espace médiatique en Afrique tout au long de l’année 2022. Bon nombre d’articles, de documents, de vidéos et de rapports ont été publiés sur la ZLECAF, tout d’abord, par la Commission l’Union Africaine, qui par l’intermédiaire du?Commissaire Albert M.?Muchanga?en charge du commerce et de l’industrie, grand champion de la ZLECAF,?a donné le ton et le rythme depuis de long mois.?Ensuite, certains Chefs dEtat, dont le Président?Paul?Kagame?du Rwanda, et le Président d’alors?Mahamadou Issoufou?du Niger au niveau de la CEDEAO, ont insufflé la dynamique au niveau continental et régional, et le?Secrétaire général de la ZLECAF, Mwankele Mene?dont l’esprit de négociateur chevronné plane désormais sur ce nouvel écosystème prometteur, avec des missions de sensibilisation à travers le continent depuis sa nomination.
à ce stade de la mise en vigueur, quels sont les enseignements majeurs à tirer?
D’entrée de jeu, il faut rappeler que les enjeux sont énormes et les défis multiples, notamment dans le contexte d’une crise sanitaire comme celle du COVID, l’Afrique est également à la recherche, la mobilisation, et l’évaluation des ressources financières pour le financement de son développement. A ce titre, la?création et la mise en place d’une Task-force composée d’éminents experts et professionnels du monde des financés et du développement par?l’Union Africaine a été au départ un grand motif de satisfaction mais jusque-là rien n’est filtré du travail titanesque qu’ils ont accompli.?Et enfin aujourd’hui avec tous les variants et la présence d’Omicron, l’Afrique est amenée à démontrer sinon à renforcer sa résilience et prévoir les scénarios de toutes sortes. Selon Professeur Ameenah Gurib-Fakim, ancienne présidente de Maurice et lauréate du Prix L'Oréal-UNESCO 2007 pour les femmes et la science, ’un des défis réside dans le gap qu’il faut combler au niveau de la science, la technologie et l’innovation dans la transformation des économies africaines.?Pour donner le ton, et pour des solutions dans l’immédiat, l’on a constaté certaines approches et décisions annoncées en début d’année pour la production de vaccins et d’appareils personnalisés?de protection en Afrique, mais ces projets n’ont pas encore vu le jour, surtout qu’il y a encore des consultations en cours au niveau de l’OMS pour libéraliser les brevets et licences de fabrication de ceux-ci.
Certes, les pays africains se sont engagés à commercer entre eux, mais le niveau d’échanges actuel est relativement peu élevé comme le démontre les données contenues sur le site suivant:?https://www.tralac.org/themes/11036-data-analysis-and-statistics.html.??Pour le cas de la C?te d’Ivoire, il suffit d’analyser la?cartographie des échanges commerciaux avec les autres pays d’Afrique, l’on comprend?que depuis ces cinq dernières années,?le commerce intra-UEMOA est très important?en raison de certains facteurs, dont?la proximité des marchés, l’unicité??de la monnaie, l’avantage des?politiques de convergence, et au niveau de la CEDEAO, la nature des échanges intra-communautaires est illustrée par l’importance des importations en provenance du Nigeria et des pays limitrophes.??
Cependant,?il n’en demeure pas moins qu’on puisse aller au-delà des espaces régionaux par excellence en exploitant au mieux certaines?niches de marchés pour lesquelles le secteur privé ivoirien ne tire encore aucun?profit. Le récent Forum économique Afrique du Sud - C?te d’Ivoire qui?a?eu lieu les?2 et 3?décembre 2021?au Sofitel H?tel Ivoire d’Abidjan, a été très révélateur des énormes opportunités au niveau des deux pays?qui ont souhaité?pour leurs secteurs privés respectifs un partenariat plus renforcé,?la recherche de débouchés, l’identification d’opportunités d’affaires et d’investissement découlant?des piliers de plans nationaux de développement des deux pays.?D’ailleurs, il?faut être réaliste et reconna?tre que?les retombées ne se feront pas sentir du jour au lendemain, il y a?encore du chemin à faire pour voir des actions concrètes sur le terrain. Ceci est valable pour tous les pays africains même si des changements d’attitudes et de comportements?sont à observer au niveau des institutions nationales, régionales et continentales, du secteur privé, et des différents marchés en Afrique.
C’est pour cette raison qu’il faut souligner le r?le capital du Secrétariat de la ZLECAF qui sous le leadership de Wankele Neme, a entamé un travail titanesque, un défi majeur pour cette institution panafricaine quand on sait que les institutions africaines restent dans un état de léthargie après des annonces à grandes pompes d’ambitions affichées, d? au fait que les moyens ne suivent pas,?et qu’il y ait un manque de vision et de volonté pour faire bouger les lignes... un bilan partiel à travers toutes les actions menées dans la quasi -totalité des pays à travers le continent. C’est déjà encourageant mais beaucoup reste à faire.?Fort des expériences de régions comme l’Europe et/ou l’Asie, l’Afrique ne devrait pas rater cette grande et noble initiative.
?Un autre enseignement et non des moindres réside dans la capacité du secteur privé africain à saisir ces opportunités qui sont de tous ordres: exportation de produits agricoles, produits alimentaires et agro-alimentaires dans le cadre de la sécurité alimentaire, produits industrialisés de consommation courante et produits cosmétiques.
?En d’autres termes, le secteur privé africain devrait intensifier son appropriation par rapport à cette dynamique, ses attentes étant connues de tous les dirigeants politiques et autorités administratives, couvrant les questions relatives aux tracasseries administratives, barrières tarifaires et non tarifaires, les obstacles à la facilitation du commerce, application stricte des règles de la concurrence, et protection des droits de propriété, autant de facteurs de succès de la mise en ?uvre de la ZLECAF.??
Quant au r?le des Communautés??économiques Régionales (CER), elles ont multiplié des activités de sensibilisation incluant des visioconférences, ateliers de sensibilisation et thématiques notamment sur les règles d’origine, la nécessité de création de cha?nes de valeur à l’échelle régionale, l’importance du commerce transfrontalier, et sur le r?le des femmes et des jeunes pour booster le commerce intra- africain,?autant de sujets qui ne sont pas tous épuisés tant les problématiques sont nombreuses, et pour?en citer quelques-unes, l’environnement des affaires, la question de l’industrialisation, des innovations technologiques, de la recherche scientifique, de la transformation des matières premières, de la sécurité alimentaire etc.?
Dans le cadre de la mise en ?uvre de la ZLECAF,?Afreximbank, avec le concours de la Commission de l’Union Africaine, a en partenariat avec le Centre du Commerce International de Genève, identifié trois pays, la C?te d’Ivoire, le Nigeria et le Rwanda pour renforcer les capacités des PME exportatrices ivoiriennes sur le marché continental africain. Ces programmes ont été exécutés, et la dynamique doit être renforcée pour créer des réflexes et automatismes pour que les exportateurs en Afrique commercent et exportent le plus en Afrique.
Au niveau des grandes entreprises, les états-majors ont progressivement intégré la dimension ZLECAF dans leurs nouvelles stratégies de conquête de marché, ce qui va changer la donne sur le plan de la performance des entreprises à l’échelle du continent.
Aujourd’hui, Afreximbank, qui reste un levier financier institutionnel à l’échelle continentale a entrepris des initiatives louables pour inciter le secteur privé africain à tirer profit de ses ressources financières et des outils et mécanismes de financement de projets. Depuis plus de quatre ans, la Commission de l’Union Africaine et la banque import-export se sont impliquées activement dans l’organisation de la Foire intra africaine de commerce ((Intra-African??Trade Fair, IATF), au Caire en égypte en 2018, et à Durban en Afrique du Sud en 2021.??La prochaine édition va se dérouler en C?te d’Ivoire en 2023. Selon le rapport fourni par?Son Excellence Olesogun Obasanjo, Président du Conseil consultatif de l'IATF 2021?et ancien Président de la République Fédérale du Nigeria,?la dernière édition a vu la participation d’un plus grand nombre de pays, 61 dont 46 pays africains, 1161 exposants et 31 400 participants (11 828 personnes ont assisté en personne et 19 556 ont participé virtuellement via la plateforme virtuelle IATF -?www.intrafricantradefair.com/en/iatf-virtual). Dans?l'ensemble, les participants sont originaires de 128 pays, notamment des exposants, des visiteurs, des acheteurs, des délégués et des conférenciers.
En conclusion, les pays signataires de l’accord doivent respecter les engagements qu’ils ont pris pour une plus grande circulation des biens et services, c’est pourquoi le secteur privé doit être très alerte sur les blocages et contraintes au développement du commerce intra régional et intracontinental. Pour l’heure, l’an 1 de la ZLECAF peut être considéré comme satisfaisant même si beaucoup reste à faire.
Gérard Amangoua
Expert en commerce international et en gouvernance
DGA Association pour la promotion des exportations de C?te d’Ivoire (APEX-CI)
Marketer
2 年Bonjour Monsieur Gérard Amoi Amangoua, je suis étudiant en commerce international et je suis passionné par l'assistance à l'export des PME PMI. J'ai une question pour vous, quel impact a eu le digital sur les activités à l'export et import ? Aussi j'aimerai bien profiter de votre gibecière intellectuelle concernant votre expérience dans ce domaine. J'ajoute que je pourrais éventuellement rédiger vos articles. Enfin une rencontre avec vous me permettra de mieux me plonger dans ce domaine et de confectionner mon projet professionnel. En tant que jeune nous avons une certaine asymétrie de l'information concernant l'export & import en C?te d'Ivoire. Ce qui fait que nous n'arrivons pas à renforcer nos compétences pour être en adéquation avec le marché de l'emploi. Donc être employable. [email protected]?
PDG groupe Vitamines -Canal street
2 年Toujours au top Gérard
PostDoc chez University of Pittsburgh
2 年Excellent bilan qui indique le cadre des responsabilités et du travail à accomplir. Oui, c'est possible, les secteurs public et privé, en association avec les CERs devraient s'organiser pour inonder le continent de produits "Made in Africa (idéalement) by Africans".
Strategic Communication Expert & CEO Group Siyabonga Gold
2 年un excellent article qui montre que la Zlecaf a été une excellente initiative de nos chefs d'Etats. Bravo M Le DGA Amangoua
Consultant senior chez Consultant
2 年Bonjour Gérard, et merci pour cette instructive rétrospective de cette 1ère année pour la ZLECAf !