Le talent n'a pas d'age... sauf en entreprise !

Les managers auraient souvent intérêt à se mettre sur la pointe des pieds et à regarder au- dessus des murs de leur entreprise. C’est une image bien s?r ! Mais sur certains sujets, on peut se demander pourquoi le monde du travail est aussi décalé de la société en général, dans laquelle il baigne pourtant !

Par Isabelle Barth, Directrice générale de l’INSEEC Business School et Directrice de la recherche Inseec U

C’est le cas de l’age ! On observe quoi ? Les talents n’ont pas d’age quand il s’agit du sport ou des arts, ou même de la création d’activité … alors que le créneau considéré comme crédible par les entreprises est de plus en plus réduit !

Démonstration !

Dans le monde du sport, on peut voir des médaillés olympiques qui n’ont pas encore 17 ans, les plus jeunes à l’Olympiade d’hiver de 2018 ont ainsi 16ans comme Alina Zagitova au patinage artistique. Et, à c?té de cette précocité extrême, on peut admirer M. Robert Marchand qui fait encore des tours de piste cycliste à 106 ans …

Dans le monde de la chanson des prestations époustouflantes sont offertes par des jeunes gens ou des jeunes filles encore mineures comme Louana alors que Charles Aznavour remplit encore les salles à 93 ans.

La vie politique aussi amène des présidents trentenaires comme octogénaires …

On pourrait multiplier les exemples, et même s’il ne s’agit que de quelques personnes, la démonstration est faite que le talent, l’envie, la motivation, la contribution … n’ont pas d’age.

Pourtant, quand on regarde l’entreprise, le talent des salariés est sensé s’exprimer à partir de 28 ans et jusqu’à 50 ans, age couperet sur le marché du travail quand il s’agit de trouver un emploi.

Il ne fait pas bon rechercher un emploi sans la sacro-sainte première expérience professionnelle, et on se demande bien quelle entreprise serait assez insouciante sans l’exiger ? De même, l’obsolescence du salarié est déclarée depuis maintenant de nombreuses années à 50 ans.

Cela signifie qu’en France au XXIème siècle, dans un monde ouvert, horizontal, globalisé, connecté …. La partie professionnelle se joue sur 22 à 25 ans …. Ce qui n’est rien quand on voit la durée de la vie humaine, dont l’espérance dans nos pays dits évolués et certainement riches avoisine les 80 à 85 ans.

Le phénomène largement médiatisé de la réussite de très jeunes start upers (on parle de business kids ou de kidpreneurs qui ont en moyenne 13/14 ans) laisse espérer que les entreprises puissent s’ouvrir aux plus jeunes. En revanche, les ? r?les modèles ? de seniors à succès sont encore peu présents dans les media.

Prise une à une, personne n’est contre cette ouverture mais, en même temps, personne ne veut prendre de risques. Les RRH, les professionnels du recrutement n’arrivent que rarement à convaincre de la crédibilité et du potentiel d’un (e) candidat(e) ? trop ? jeune ou ? trop ? vieux.

La fameuse théorie des générations qui a catégorisé les personnes selon leur date de naissance (les X, Y, Z etc …) n’est pas pour rien dans ce qui est une véritable sclérose du monde du travail.

Il est tellement facile d’associer un ? trop jeune ? à un collaborateur à risque, et un ? trop vieux ? avec quelqu’un qui ne veut ou ne sait pas progresser !

L’entreprise (et plus largement le monde du travail) devrait s’ouvrir davantage aux autres mondes pour comprendre que la valeur n’a pas d’age !

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