LE PLAN VOISIN... DE L'INSIPIDE

RASER POUR RECONSTRUIRE

Le Corbusier avait imaginé un plan-ma?tre d'aménagement urbain, grandiose selon lui, pour le développement des villes de demain. Il l'avait fondé sur son Plan Voisin (1922-1925), lequel supposait, dans ce cas précis, de raser Paris pour mieux le reconstruire suivant des préceptes architecturaux et urbanistiques futuristes (Note 1). Le grand homme voyait l'habitat humain comme 'une machine où vivre' (Note 2) ! Il dénon?ait les aménagements urbains non planifiés, non utilitaires, non domestiqués par l'homme planimétrique (Note 3). Or, des villes ont été construites à la mode Le Corbusier; elles s'appellent Brasilia, Canberra et Chandigarh. Elles ont en commun une caractéristique qui n'échappe à personne qui les visite: ce sont des villes insipides ('dull').

MOINS DE PLANIFICATION, ET PLUS D’IMAGINATION

Ce dont le monde a le plus besoin, ce n'est pas tant de planification morbide que d'imagination foisonnante, de la part des hommes et des femmes qui l'habitent. Nos organisations, entreprises, associations comme gouvernements, manquent trop souvent d'allure humaine, d'originalité puissante, pour être stimulants. Ils se présentent comme des cadres de vie sans expression, sans couleur… quoique rarement sans odeur. Des coquilles, et non des cocons. Ils ont la forme et le fond de systèmes clos, contr?lés, sans rythme et sans élan. De l'espace-temps sans référent intelligent. Des lieux de désengagement collectif, plut?t que des domaines d'implication personnelle. Des vides, plut?t que des pleins, par la variété de l'incongru et non par l’exemplarité de l’indicible.

Plut?t que des Plan Voisin, nous avons besoin de dérèglement, de bouleversement, de dérangement. Il nous revient de détraquer les systèmes fixes, pour nous inventer un avenir en mouvance. Il ne s'agit pas de désordre, de licence ou de déséquilibre, mais bien d'état d'être mouvant. Ce qui suppose des esprits ouverts, des volontés affirmées, des entrains maintenus. Nos plans, comme nos horaires, sont des encadrements qui figent, plus qu'ils ne convient, l'action participative. On en attend des récurrences, des répétitions, des confirmations, quand on devrait en dégager des inconnues, des inattendues, des imprévues. La vie a ses limites, que personne n'a encore su dépasser. Pourquoi diable nous contraindre plus encore, par le défaut crasse d'imagination (Note 4), dans nos projets personnels et collectifs ? Ayons la destruction créatrice (Note 5)!

VIVONS GOULUMENT ET éVITONS DE DéCRéPIR

Voir, percevoir et entrevoir ne sont pas planifier, mais visionner. Soyons des gens de vision, pour être des gens de mission. Que nos valeurs soient fondées sur le jugement, soit, mais qu'elles le soient d'abord sur l'innovation. Vivons goulument, et évitons de décrépir faute d'imagination vive. Il ne faut pas nous décomposer pour nous recomposer, mais composer avec nos opportunités, nos capacités et nos potentialités. Ne brimons pas l'avenir par le cadre.

VIVONS DE RéEL ET NON D’IMPRESSION

Cessons de sécréter du Plan Voisin qui fige, et optons en lieu et place pour du projet qui avive ! Le cliché ne fait pas la photo; c'est le personnage qui fait l'image (Note 6). Vivons de réel non d’impression.

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RéFéRENCES:

(1) Le Corbusier, The Radiant City, Londres, Faber & Faber, 1964, p. 154. https://fr.wikipedia.org/wiki/Plan_Voisin 

(2) Le Corbusier, Toward A New Architecture, Londres, Academy Editions, 1984, p. 10.                                                                                                              

(3) https://www.futura-sciences.com/magazines/maison/infos/dico/d/maison-planimetrie-10843/

(4) Le Tagète Vol. 1 no 11, 1 juin 2011 L’?uf de Brunelleschi; Le Tagète Vol. 1 no 12, 15 juin 2011 à chacun son Akaba

(5) https://fr.wikipedia.org/wiki/Destruction_cr%C3%A9atrice

(6) Le photographe en l’instance n’est que l’intermédiaire de marché dans la réalisation du projet d’image

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