GUERRE EN UKRAINE - WAR IN UKRAINE : CONSEQUENCES ECONOMIQUES ET JURIDIQUES -ECONOMIC AND LAW EFFECTS
Bouziane Behillil
Attorney at Law - Avocat - Business litigation lawyer - LLM University of Panthéon-Sorbonne and Laval (Quebec-Canada)
Entre annulations, non-paiement, retards de livraison et autres, la guerre en Ukraine fait remonter des souvenirs de la pandémie de Covid 19 qui avait déjà dès 2020 perturbé la bonne exécution des contrats internationaux. Les conséquences économiques et juridiques ont dépassé les seules frontières russo-ukrainiennes, impactant les relations commerciales aux quatre coins du moins…
Que ce soit dans le cadre de relations commerciales directes ou indirectes le résultat est le même, l’entreprise est touchée. En effet, comme l’ont souligné des spécialistes du commerce international, "La réglementation concernant les sanctions est changeante, presque quotidiennement. Une entreprise fran?aise qui n’était pas concernée hier par celles-ci peut le devenir demain. Ainsi, l’un de nos clients voit son contrat avec une société turque suspendu car elle est contr?lée par un oligarque russe sanctionné par les mesures européennes"
De nombreux secteurs ont été placés sous restrictions, notamment ceux de l’import/export, contraignant de nombreuses entreprises à mettre un terme à ses relations avec l’Ukraine ou la Russie. C’est le cas par exemple de l’entreprise Nestlé qui a décidé de cesser la commercialisation de certaines de ses marques en Russie. D’autres n’ont pas pris d’engagements d’une telle ampleur mais ont suspendu leurs investissements en Russie, tout en y maintenant la production et distribution de ses produits, comme l’a fait le groupe Danone.
Mais d’autres problématiques surviennent, notamment la question des salariés d’entreprises implantés en Ukraine : les entreprises ont un devoir de protection de leur personnel. Djoca Travel, entreprise h?telière d’origine fran?aise implantée en Ukraine a été confrontée à cette situation et a décidé de les rapatrier, d’abord en passant par la frontière polonaise, pour finalement arriver dans le Sud-ouest de la France.
Cependant, toutes les entreprises ne sont malheureusement pas en mesure d’effectuer de telles démarches pour leurs salariés…
In fine, c’est aussi la question des salaires qui surgit, faut-il continuer à les payer ? Faut-il adapter leur salaire au pays où ils ont été rapatriés ? Et celle de leur éventuelle relocalisation si l’Ukraine ne rouvre pas dans l’immédiat…
Alors la guerre, cas de force majeure ? C’est la principale interrogation des entreprises depuis que le conflit russo-ukrainien a éclaté, et plus particulièrement, savoir si les contrats en cours peuvent être rompus pour force majeure.
En principe, au regard des dispositions de l’article 1218 du Code civil fran?ais, ? Il y a force majeure en matière contractuelle lorsqu'un événement échappant au contr?le du débiteur, qui ne pouvait être raisonnablement prévu lors de la conclusion du contrat et dont les effets ne peuvent être évités par des mesures appropriées, empêche l'exécution de son obligation par le débiteur. ?
En pratique, s’il est établi que les événements, en l’occurrence des faits de guerre, empêchent le cocontractant d’exécuter ses obligations contractuelles, le cas de force majeure pourra être plaider.
Il faut donc bien regarder ce que prévoit le contrat, notamment la loi applicable (pour s’assurer que la force majeure est prévue), si une clause de force majeure y a été inclus, et enfin de notifier le plus rapidement ce cas de force majeure à son cocontractant.
D’abord par la pandémie puis par cette guerre russo-ukrainienne, l’importance de la rédaction de la clause de force majeure ne cesse de cro?tre …
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WAR IN UKRAINE: ECONOMIC AND LEGAL CONSEQUENCES
Between cancellations, non-payment, delivery delays and others, the war in Ukraine brings back memories of the Covid 19 pandemic which had already disrupted the proper execution of international contracts in 2020. The economic and legal consequences have gone beyond the Russian-Ukrainian borders, impacting trade relations in all four corners of the world...
Whether in direct or indirect trade relations the result is the same, the company is affected. Indeed, as international trade specialists have pointed out, "Regulations concerning sanctions are changing, almost daily. A French company that was not affected by them yesterday may become so tomorrow. For example, one of our clients has seen its contract with a Turkish company suspended because it is controlled by a Russian oligarch sanctioned by European measures."
Many sectors have been placed under restrictions, including those of import/export, forcing many companies to end their relations with Ukraine or Russia. This is the case, for example, of the Nestlé company, which has decided to stop marketing some of its brands in Russia. Others have not made commitments of such magnitude but have suspended their investments in Russia, while maintaining the production and distribution of its products, as the Danone group has done.
But other problems arise, the question of employees of companies located in Ukraine: companies have a duty to protect their staff. Djoca Travel, a hotel company of French origin established in Ukraine, was confronted with this situation, and decided to repatriate them, first through the Polish border, to finally arrive in the South West of France.
However, unfortunately, not all companies are able to carry out such procedures for their employees...
In the end, it is also the question of salaries that arises, should they continue to be paid? Should their salaries be adapted to the country to which they have been repatriated? And the question of their possible relocation if Ukraine does not reopen immediately...
So, the war, a case of force majeure? This is the main question for companies since the Russian-Ukrainian conflict broke out, and more specifically, whether current contracts can be terminated for force majeure.
In principle, according to the provisions of Article 1218 of the French Civil Code, "There is force majeure in contractual matters when an event beyond the control of the debtor, which could not be reasonably foreseen at the time of the conclusion of the contract and the effects of which cannot be avoided by appropriate measures, prevents the performance of his obligation by the debtor."
In practice, if it is established that events, in this case acts of war, prevent the other party from performing its contractual obligations, the case of force majeure may be pleaded.
It is therefore necessary to look carefully at what the contract provides for, in particular the applicable law (to ensure that force majeure is provided for), whether a force majeure clause has been included in it, and finally to notify the co-contractor of the case of force majeure as soon as possible.
First by the pandemic and then by this Russian-Ukrainian war, the importance of the drafting of the force majeure clause is growing ...