Décrypter et gérer un passif-agressif - Guide de survie en milieu hostile
"Tout va bien"
Répond-il d’un ton faussement détendu, presque provocateur.
Depuis plus d’une heure, je l’avais repéré. Lui. Celui qui manigance, qui ricane en coin, qui ne dit pas grand-chose mais qui critique tout. Bras croisés, sourire en coin, il était là, le passif-agressif en pleine action. Il lève les yeux au ciel, croise les bras et, quand on lui fait remarquer son comportement, prend un air faussement surpris avant de lacher, d’un ton sec : "Je ne vois pas où est le problème”.?
Vous connaissez ce type de personne. Moi aussi. J’en ai croisé plus d’un au fil de ma carrière, et aujourd’hui encore, en travaillant avec mes clients, je les détecte en quelques minutes.?
C’est toujours le même profil : d’accord en apparence, mais jamais en pratique. Il dit "Bien s?r, je vais m’en occuper", puis oublie mystérieusement... trois fois de suite. Il arrive en réunion avec un sourire mielleux et un ton posé, mais alimente la machine à rumeurs dès qu’il sort de la salle.
Soyons honnêtes : ce genre de personne a longtemps eu le don de me rendre fou. Mon premier réflexe ? Rentrer dans leur jeu, devenir moi-même agressif. Jusqu’au jour où j’ai compris que c’était exactement ce qu’ils voulaient.?
Pourquoi sont-ils comme ?a ?
D’après les experts, le comportement passif-agressif est une manière détournée d’exprimer un malaise face à l’autorité ou un manque de confiance en soi. Plut?t que de dire clairement "Je ne suis pas d’accord", ils sèment la zizanie en toute discrétion, tout en s’assurant un alibi en béton.
C’est le champion du "oui, mais..." et du "j’aurais pu, mais...". Et avec le télétravail, c’est encore plus subtil?; mails à double sens, sarcasmes en visioconférence et silences prolongés en réunion, créant une tension latente...
Tout y passe. Et ce n’est pas juste une impression : les chiffres parlent d’eux-mêmes.
D’ailleurs, une étude de l’Association for Psychological Science révèle que 70 % des employés déclarent être régulièrement confrontés à des comportements passifs-agressifs sur leur lieu de travail, un chiffre en forte hausse depuis la pandémie.
Déjà compliqué en temps normal, le passif-agressif devient encore plus subtil dans une équipe internationale. Les codes de communication diffèrent d’un pays à l’autre : certaines cultures valorisent l’harmonie et évitent le conflit ouvert, d’autres sont plus directes.
Comment ne pas perdre son sang-froid ?
Je me souviens d’une réunion client où un collaborateur affichait une attitude typiquement passive-agressive. Son comportement bloquait toute la discussion, et son manager ne bougeait pas d’un pouce pour rétablir la situation.
Mon sang bouillonnait. J’avais les joues rouges comme un piment et une furieuse envie de l’envoyer balader. Mais au lieu de réagir impulsivement, j’ai pris une grande inspiration, souri et, d’un ton glacial, j’ai lancé : "Qu’est-ce que tu recommanderais de faire ?"
Silence.
Tous les regards se sont tournés vers lui. Il était sous les projecteurs. "Euh… je ne sais pas…" a-t-il fini par marmonner. Et à ce moment précis, quelque chose a changé.
Il a compris que son comportement ne nuisait pas seulement à moi, mais à tout le monde. Et dès lors, la discussion a pu enfin avancer.
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Comment gérer ces personnes qui empoisonnent l’ambiance sans jamais l’assumer ?
Le passif-agressif adopte souvent les mêmes stratégies : retards répétés, excuses vagues, soupirs exaspérés en réunion, bras croisés et regard fuyant. Ces signaux, parfois subtils, traduisent un désengagement ou une résistance passive. Pour éviter qu’ils ne sabotent la dynamique de travail, il est essentiel de les confronter directement, clarifier les attentes et s’assurer qu’ils s’engagent sur des actions concrètes.?
Affrontez le problème de manière directe
Le pire piège est de l’ignorer en espérant que ?a passe. Une conversation en face-à-face est souvent nécessaire : "J’ai remarqué que tu n’as pas envoyé ce rapport trois fois de suite. Y a-t-il une raison particulière ?" Formulez vos remarques de manière factuelle, sans accusation, mais en mettant votre interlocuteur face à ses contradictions.
Gardez votre calme et retournez le jeu
Son objectif ? Vous faire perdre patience pour ensuite se poser en victime. Ne tombez pas dans le piège. Concentrez-vous sur les faits, gardez une attitude neutre et posez une question qui l’oblige à sortir du flou : "Quel est ton objectif ici ?"
Responsabilisez-les et fixez des attentes claires
Le passif-agressif adore critiquer en arrière-plan, mais évite toute prise de décision. Retournez la situation : "Tu sembles avoir des réserves sur ce projet. Quelles seraient tes suggestions pour l’améliorer ?" Une fois leurs objections exprimées, clarifiez vos attentes : "D'accord, alors tu valides ce plan et tu me confirmes par écrit ?" Cela l’empêche de jouer sur l’ambigu?té et réduit sa marge de man?uvre.
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Ne laissez pas un passif-agressif saboter votre travail
Un collègue passif-agressif, c’est comme un grain de sable dans un engrenage. Au début, ce n’est qu’une légère résistance. Mais si rien n’est fait, il finit par enrayer toute la machine.
Laisser ce type de comportement s’installer peut impacter votre bien-être, la productivité et la cohésion de votre équipe. J’ai vu des entreprises perdre un temps considérable à cause de ces dynamiques toxiques, simplement parce que personne n’osait poser des limites.
Vous en avez déjà croisé un ? Racontez-moi?: comment avez-vous géré un passif-agressif ?