AF 447 Rio-Paris trial, back to the past or how AF is considering flight safety through Capt Labarthe amazing story

AF 447 Rio-Paris trial, back to the past or how AF is considering flight safety through Capt Labarthe amazing story


Lucidité, précision, Irène Perrin très au fait de l'atmosphère à la cité des Aigles écrit ceci quelques semaines après la catastrophe. ?a décape pas mal, mais elle est fort bien informée, semble t-il au Dauphiné


Journal Le Dauphiné


Jean Pariès est connu pour être le PdG de DéDALE S.A.S, une société qui depuis 1992 aide les entreprises à fiabiliser leurs activités par une meilleure prise en compte des Facteurs Humains et Organisationnels. En posant un regard éclairé sur les risques liés aux actions humaines et collectives, notre vocation est d’aider les constructeurs, les exploitants, et les autorités de secteurs d’activités variés à améliorer leur prévention des incidents et des accidents.,?indique encore le site dédale.net dans sa rubrique?" Histoire de Dédale "

Alors DEDALE, l'essayer c'est l'adopter, vend à Air France son propre Directeur responsable de la Sécurité des Vols et de la Prévention des Accident le Commandant Bertrand de Courville.?

Dès lors tout ce qui concerne le CRM ( Crew Ressource Management ) et les Facteurs Humains chez Air France portera le label DEDALE...

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J'étais Commandant de Bord et Instructeur chez Air France à cette époque là, et comme tous mes collègues Instructeurs, j'ai bien d? intervenir en formation Facteurs Humains et CRM avec le matériel pédagogique DEDALE. De l'avis unanime que je partageais, ce matériel, vendu des fortunes à Air France était d'une pauvreté et d'une puérilité affligeante.?

Le hic c'est que Bertrand de Courville et d'autres commandants de bord de la compagnie étaient semble t-il actionnaires de la société DEDALE...

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En Septembre 1999, j'ai vécu à l'Escale de Toulouse une histoire hallucinante, qui engageait la Sécurité des Vols, du fait du Chef d'Escale de Toulouse, qui embarqua dans mon avion et de force 172 passagers alors que je ne pouvais en prendre que 150 du fait de l'absence d'une h?tesse.?


J'ai fait débarquer tout le monde avec l'aide de la Gendarmerie, et nous sommes partis avec 150 passagers et 01:30 de retard.

Le lache Jean-Marc Ferraud, alors mon chef de division qui m'avait encensé comme Instructeur m'abandonna sous la pression de?Jean-Pierre Delpech Directeur du PNT?qui ourdit contre moi et quinze jours plus tard le plus abominable des complots.?


Je commen?ais à Orly un courrier de trois jours qui débutait par un aller retour Toulouse ce matin du 13 Octobre 1999, et lancé à pleine vitesse j'ai re?u par deux fois l'ordre d'interrompre mon décollage, une fois vers 100 kts et la deuxième fois à l'approche de V1 vers 135 kts...?


Ordre de la TWR incompréhensible et injustifié. Ce que je peux dire c'est que quand claque dans mes écouteurs l'ordre " Air France 141 Papa Bravo, interrompez votre décollage " le choc est immense et dévastateur ! D'un regard avec Alain Bascoulergue mon co-pilote on s'est compris, on continue notre décollage. ?a va vite et ?a accélère fort je réussis à rester concentré sur V1, et la rotation à venir, quand pour la deuxième fois, la contr?leuse intervient " AF 141 PB, interrompez votre décollage, c'est une consigne Cie " Alors là, quelque chose casse en moi, c'est trop destructeur, ils ont osé ... ! Dans une sorte de brouillard, j'ai effectué la rotation jusqu'à obtenir 15° d'assiette, j'ai demandé la rentrée du train et puis après je ne me souviens plus trop .... Alain a pris les commandes avec mon accord... Je suis sonné, mais je prends le temps de respirer bien à fond et de plus en plus calmement. à un moment je lui dis que j'appelle le CCO ( Centre Contr?le Opérations ) le " quart OPS " comme on dit.

Qui va pouvoir le croire ? : " AF 141 PB, me répond l'opérateur, vous devez retournez au parking "

Curieusement j'éclate de rire malgré la tension, et du même coup elle dispara?t. C'est trop bon, c'est trop fort c'est tellement débile, car au même moment nous sommes en route directe sur Toulouse, croisant 20 000' en montée, ce que j'indique à l'agent.

C'est vrai que ?a lui fait dr?le à ce pignouf, et il bloque sur ce coup...Mais après quelques secondes de silence il revient à la charge et là c'est la grosse marrade : " ?a ne fait rien dit-il, vous faites demi-tour et vous revenez au parking " me rétorque t-il sans rire...?

Pour le coup on commence à retrouver notre bonne humeur, tout ?a est dans la bo?te, les communications avec la tour de contr?le, et celle avec le quart OPS, car tout est bien évidemment enregistré, au sol comme dans notre voice recorder...

Bon ce n'est pas tout ?a mais on vient de recevoir un ordre débile d'Air France, on va quand même leur expliquer ce que l'on en pense.?

Dans le cadre de mes fonctions de commandant de bord et à fortiori en vol, je suis délégataire de la Direction Générale, et ne peut?accepter un ordre qui ne serait pas signé Gourgeon, voire Spinetta, surtout quand il est dramatiquement contraire à l'intérêt de nos clients et passagers.?Tranquillement j'indique alors attendre un telex ( ACARS ) signé des plus hautes autorités de la Cie et surtout d?ment motivé.?

Qui bien évidemment ne viendra jamais.

30' d'escale à Toulouse et nous voilà en approche à Orly, même contr?leuse à la TWR, il y a comme du malaise dans l'air. Alors qu'Alain m'avait gentiment proposé d'effectuer lui-même l'approche à Toulouse, je suis aux commandes durant l'atterrissage à Orly, très calme et comme soulagé d'avoir crevé un abcès.?

Durant le vol retour on avait envoyé un telex à Jean Cyril Spinetta, pour lui indiquer que nous pilotes ayant été mis en danger par notre propre Cie, débarquions au retour à Orly, annulant ainsi notre courrier.

L'équipage PNC, débarqua lui aussi dans un beau geste de solidarité

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Jean-Pierre Delpech?m'attend dans la passerelle à l'arrivée au parking, et tremblant de peur m'invective avec ces mots : " On va tous sauter "


L'ignorant j'ai filé directement à la Gendarmerie des Transports Aérien porter plainte pour mise en danger de la vie d'autrui, visant Air France, le Directeur du PNT, le patron du CCO, et la contr?leuse de la TWR, qui pour avoir subi une infernale pression de la part d'Air France, n'en a pas moins failli être l'actrice d'un possible drame.


L'enfer commen?a pour moi, je disparus carrément. Plus de vols, plus de salaire, plus de contacts, à part ceux des émissaires discrets de Gilbert Rovetto, le Directeur des Opérations.?


Un soir de la fin Novembre 99, il m'invita à d?ner dans Paris. Comment te remettre en vol me dit-il ? Quel est ton prochain vol dis-je en commandant une bouteille de vin bien chère histoire d'en profiter un peu quand même.

- CDG-AMS-CDG, me répond-il le 2 Décembre 2000, le matin.
- Parfait appelle le planning et fais mettre mon nom à ta place?
- D'accord réfléchit-il, mais je viendrai avec toi en civil.
- Pas de problèmes ?a roule, je suis un peu euphorique, excellent bordeaux et d?ner fin.


Ainsi fut fait, je m'en souviendrai longtemps car ce matin là on commen?a par prendre 3 heures de retard, Amsterdam cause danger vent était fermé. En courte finale il y a 35 kts plein travers établis, ?a turbule pas mal, Rovetto est assis entre nous, un peu inquiet, ?a fait deux mois et demi que je n'ai pas piloté, je m'efforce de maintenir le crabe jusqu'au dernier moment, à me faire peur, puis mon pied droit pousse sur la pédale du palonnier pour ramener le nez dans l'axe, alors que ma main incline l'avion dans le vent, et on touche doucement sur une roue... Ouah ! Top ! Gilbert ne peut s'empêcher de s'exclamer : " Alors là bravo "?

Au retour on s'enferme dans son bureau et il m'annonce qu'il me nomme comme un de ses conseillers commandants de bord.

Tronche de BellePêche ! pardon de Jean-Pierre Delpech, quand Gilbert le convoque pour lui faire part de la nouvelle. C'était un 2 Décembre, anniversaire d'Austerlitz, he he ...

Lequel dira un peu plus tard à son co-pilote lors d'un vol sur Nairobi en B767 en parlant de moi " Je n'aurais de cesse que de faire virer ce mec ( sic ) de la compagnie." Le co-pilote s'appelait Bastien-Thiry, le propre neveu du Colonel Jean-Marie Bastien-Thiry?fusillé le 11 mars 1963.?

On admettra je l'espère que dans cette famille, il n'est probablement pas d'usage d'inventer....

Quoiqu'il en soit les Facteurs Humains à la mode DEDALE furent une réussite complète en termes de prévention des incidents et accidents...Durant une décennie, et sous le règne de Bertrand de Courville, patron de la Sécurité des Vols, Air France connu la plus incroyable série d'accidents et incidents majeurs jamais survenue à une Major. Concorde, Toronto, Rio-Paris et tant d'autres incidents graves encore.

Conflits d'intérêt, affairisme débridé, les Facteurs Humains chez Air France en tous cas furent en quelque sorte une grosse farce, on comprendra probablement mieux maintenant la?position de Jean Pariès, ancien Ingénieur de la DGAC.?

Quant à moi, dois-je le dire ? j'avoue une préférence pour le?Ma?tre de conférence.


Ah ! J'allais oublier.... Gilbert m'appela dans son bureau au retour d'un vol quelques temps plus tard, il me confia sa préoccupation du moment :?


Spinetta, m'a fait parvenir ce courrier qu'il a re?u il y a peu, j'ai annoté et fait suivre aux chefs de division. Que penses-tu de tout celà ? Il me tend la missive. Je ne sais pas trop... je ne voudrais pas être à ta place, pour autant pouquoi souhaites-tu rencontrer ce jeune commandant de bord ??

à quoi cela servirait-il ? Ce qui est triste c'est la médiocrité qu'on nous impose avec DEDALE, on est déjà très loin de ce qu'il se fait en la matière aux US, et dans l'univers Anglo Saxon en général.?Voici la lettre en question,?


  • Et puis il y eut le crash de l'A340 à Toronto, le 2 Ao?t 2005, un miracle, aucun mort n'eut à être déploré.
  • Quatre années plus tard, il n'y eut pas de miracle : 228 morts !


Gilbert était toujours Directeur des Opérations, il était dévasté. Il oeuvra pour lancer un audit externe en matière de Sécurité des vols, une équipe d'experts internationaux fut nommée, des grands noms. Un des membres s'appelait Jean-Pariès ! Décidémment. La commission qui s'appelait " Independant Safety Review Team," ( ISRT), remit son rapport à Air France qui n'osa jamais le rendre public, ni le faire traduire.?Le voici quand même,?ce n'était pas glorieux, et les infernales et malsaines relations de la Direction et des syndicats étaient pointées du doigt.?


Jean-Pierre Delpech, finit par avoir ma peau fort piteusement, et je quittais la Cie en Mai 2004. Deux ans après j'étais de nouveau dans les airs...



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J'ai vécu après, l'Italie, l'Espagne, la Tanzanie, la Libye, de belles années aussi au Sri Lanka, où j'ai toujours ma maison dans les fleurs, au bord de l'océan. J'étais là-bas quand on m'informa du décès de Gilbert, c'était en Avril 2014, j'avais quitté Air France depuis tout juste 10 ans, et malgré tout je fus très attristé de cette nouvelle, qui survenait quelques jours seulement après la remise à la Justice du rapport de contre-expertise sur l'AF 447, véritablement accablant pour Air France. Rupture de l'aorte a t-on dit... Je ne sais, mais certainement avait-il eu connaissance de ce rapport.?

Depuis plusieurs années laché par tous , il était très seul et celui qui avait par nature même à rendre des comptes sur la perte de 228 vies humaines, qui à l'évidence auraient pu être épargnées..?

Trois ans après les événements que je relate sur cet ordre d'arrêt décollage que je suis peut-être un des très rares pilotes au monde a avoir jamais entendu dans ses écouteurs, je termine un courrier à Orly, et une impulsion irrésistible m'assaille, celle de monter à la TWR de contr?le, et rencontrer enfin celle qui un " pistolet sur la tempe" m'avait ordonné d'interrompre mon décollage avec 200 passagers à bord... Je connais son nom, et je sais qu'elle est la femme d'un commandant de bord d'Air France. J'ignore si elle est de service bien s?r.

Eh bien justement elle est là

?Je n'oublierai jamais ces moments incroyablement intenses. Elle se lève de la console où elle officiait, je suis figé par l'émotion à trois mètres d'elle. De longues secondes où nos deux regards sont connectés, les larmes lui montent aux yeux, moi aussi.

Et puis lentement elle fait un pas puis deux, mais on s'est déjà compris, et elle vient dans mes bras. Je l'étreins quand elle me murmure " pardon... " Je ne sais plus que dire mais je suis immensément soulagé.

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