Rapport Krim, une proposition de plus: Contribution aux logiciels libres obligatoire pour valider un cursus !
Denis Lafont-Trevisan
IT Consulting Expert | Angel Investor Enterprise Software + SpaceTech
Tariq Krim a remis hier à Fleur Pellerin un rapport de haute tenue sur la valorisation des talents des développeurs fran?ais. Tariq y fait six recommandations pour valoriser les talents des développeurs fran?ais. Pragmatisme et grande compréhension de ce logiciel qu'on veut souvent changer en politique mais qui finalement est si peu compris, peu connu. Le logiciel est à l'économie numérique ce que le moteur est à l'industrie automobile. Et la donnée est son combustible. Ce n'est pas de moi mais c'est tellement vrai ;-)
Même si je partage beaucoup de la vision présentée dans ce rapport, un point me gêne: la formation. Oui nous avons de très bons développeurs. Oui nos cycles universitaires, notre esprit cartésien teinté de créativité latine nous donne plus de rigueur que les américains et plus de créativité que nos amis indiens ou chinois. Dans la compétition mondiale de l'économie numérique, c'est un atout extraordinaire pour la France. #Frenchtech rules !
Mais notre formation des élites techniques souffre de quelques lacunes qu'il semble urgent de régler pour prendre de vitesse nos coopétiteurs. Nous devons améliorer notre capacité à travailler en environnement multiculturel, en anglais, à distance. Notre anglais est en moyenne au mieux passable en moyenne, notre vision du monde est encore trop centrée sur la France. Nous manquons parfois de pragmatisme. L'overengineering est aussi une marque de fabrique fran?aise ! Nous devons aider nos futurs élites techniques à simplifier, discuter, négocier, arbitrer techniquement dans une langue et des cultures qui ne sont les n?tres.
Et c'est possible ! En quelques années, sans impact budgétaire. De très nombreux leaders techniques cités dans le rapport Krim ( Fabien Potencier, Ludovic Dubost, Stéphane Fermigier) ou qui pourraient y figurer ( Emmanuel Venisse, Sylvain Wallez, Damien Tournoud, Florian Douetteau, Vincent Massol...) ont atteint ce niveau qui permettra à la #Frenchtech de créer les champions du numérique de demain: ils sont passés par l'open source et le logiciel libre. Ils ont travaillé avec des dizaines de cultures différentes, ils ont participé voire construit des communautés mondiales. Ils sont devenus plus que de très bons techniques. Ils sont devenus des leaders mondiaux, respectés et respectueux.
Alors pour faire émerger non pas des centaines mais des dizaines de milliers de nouveaux leaders techniques, une proposition: chaque dipl?mé doit, dans son cycle universitaire, contribuer significativement à un ou plusieurs projets de logiciel libre. Sinon, pas de dipl?me.
Simple. Efficace. Sans un euro dépensé.
Longue vie à la #FrenchTech !
ESSEC | Tour du monde en équipage - America's Cup, Ancien membre de la Marine Nationale - Forces de Surface | Ancien dirigeant - Coach et Enseignant en management à l'ESSEC | Associé et CEO de Chapman & Chapman
11 个月Denis, merci pour le partage !
Principal Software Engineer at Elastic
11 年Contribuer à un projet open source est une école extraordinaire, à la fois d'un point de vue social (interaction distante et contexte multiculturel) et technique (se "frotter" à des pointures du domaine, qui sont en général bienveillants avec les petits nouveaux qui ont une attitude constructive). Imposer la contribution est toutefois délicat, puisque la participation à l'open source est avant tout une démarche volontaire, et l'imposer risque d'inonder les projets avec des requêtes du genre "Help, I need ur stamp to validate my exam. Plz reply urgently". Il faut intégrer le fonctionnement et la pratique de l'open source dans l'enseignement, et inciter les étudiants à participer. Ca doit venir des écoles, mais aussi des entreprises. Google l'a compris avec le Google Summer of Code, qui rémunère des étudiants qui contribuent à des projets open source, et ce sont les projets qui jugent de la qualité de la contribution, qui définit ensuite la rémunération. Avec l'incitation des élèves, il pourrait donc y avoir aussi incitation des entreprises à financer des stagiaires sur des projets open source. Cette incitation pourrait passer par un intéressement fiscal (déduction de l'idemnité versée ?), ce qui aurait l'énorme intérêt de sensibiliser aussi les entreprises à l'open source. Trop souvent celles-ci ignorent son fonctionnement et le cadre légal des composants libres qu'elles utilisent. On pourrait ainsi faire d'une pierre deux coups...